Passerelles... poème de Dominique Hilloulin
Voici un magnifique poème que Dominique Jean Hilloulin m'a fait parvenir. J'ai le grand plaisir de le reproduire ici.
PASSERELLES…
George Sand, accoudée au Pleyel, suit les mains
Cherchant la note bleue sur les touches de moire,
Lentes suites d’accords égrenés sur l’ivoire…
Chopin est au piano ! Soucieux des lendemains,
Si malade déjà, souffreteux, déclinant,
Solennel comme l’est l’atmosphère tragique
De ce Nocturne Treize, austérité magique
Dans un ornement simple au tempo alternant.
Ce soir, cercle d’amis dans un salon privé,
Fryderyk Franciszek ouvre des passerelles,
Tristes mélancolies et fuite intemporelle,
Temps de recueillement vers un monde rêvé.
Il va voler le temps qui, dans l’obscurité
De la nuit musicale hisse l’imaginaire
D’auditeurs éveillés aux octaves lunaires
Et gomme les contours de la réalité :
Des basses ondulées ou des accords brisés,
Profonds soubassements d’une douleur intense,
S’amplifient librement, chef d’œuvre de violence
Domptée dans un opus aux tourments apaisés
Dès que la mélodie, par un souffle léger,
Poussée tel un esquif dessus de sombres vagues,
Tempère l’émotion de l’âme qui divague
Et finit, longue plainte, en calme passager.
Avant de saluer, Chopin mime un balai
Du revers de la main, comme effaçant le rêve
En chassant sa buée, insaisissable, brève,
Ineffable moment romantique, relai
Vers de lointaines voix qui parlent aux poètes !
Dominique Jean HILLOULIN
(10/12/2016)
(texte protégé) (contact auteur:yesblue@wanadoo.fr)
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